« Au cinéma, il y a tout un langage qui permet de décrire la manière dont la voix ou le texte se superposent à l’image. Ce sont précisément ces termes de doublage, de voix-off ou de sous-titre qui viennent à l’esprit lorsqu’il s’agit d’évoquer le travail d’Alisson Schmitt. On pourrait en effet dire qu’elle a doublé des expositions avec ses mains, couvrant son teeshirt de fond de teint à mesure qu’elle évoquait les œuvres autour d’elle; qu’elle a été la voix-off d’un accrochage d’exposition, dictant ses règles hors-champ, ou encore qu’elle soustitre ses vidéos comme elle parle, pour mieux les commenter ou dériver d’une histoire à une autre. Au sein des performances, vidéos ou installations de l’artiste, ces procédés ne cherchent pas à appuyer le sens de l’image ou à la rendre compréhensible ; ils s’amusent plutôt du décalage induit entre ce qui est dit et ce que l’on voit. Parce qu’ils viennent s’ajouter sur l’image ou se placer en dessous, le doublage ou le sous-titrage instillent au cœur de sa pratique la question de la surface et des couches de représentation. En utilisant de manière récurrente le maquillage, Alisson Schmitt a joué sur la question de la stratification, de la transformation des apparences. Mais au-delà du règne cosmétique, il s’agit pour elle d’embrasser des images, qui, souvent issues de la culture populaire, ont été démultipliées, banalisées et dévitalisées, à l’instar d’un dessin inscrit derrière une bouteille de shampoing, ou d’une sculpture de l’Acropole d’Athènes reproduite à l’infini. Ajouter une couche de fard ou de narration est chez l’artiste une action de soin qui ne concourt pas tant au recouvrement de l’image qu’au dévoilement des fictions qui peuvent s’y lover. »
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