Après le succès de la première édi- tion du colloque international « Égalité des chances ou égalité des réussites dans l’enseignement su- périeur » (Égalisup) à Montpellier en mars 2020, nous poursuivrons la ré- flexion à Rennes 2 du 5 au 7 juillet 2023. Toujours dans la perspective d’une analyse collaborative de l’égali- té des chances et des réussites dans l’enseignement supérieur (Annoot et Étienne, 2020), c’est-à-dire des inégalités inhérentes qui s’y pour- suivent, ce colloque international entend interroger autant l’accès aux études supérieures que la réussite des étudiant·e·s.
Depuis les années 80, l’enseigne- ment supérieur fait face à une crois- sance sensible de ses effectifs sou- vent qualifiée de massification. Bien qu’elle soit d’ampleur variable selon les pays et les types de formation, cette démocratisation quantitative (Prost, 1992) dans l’enseignement post-obligatoire est une tendance gé- nérale dans les pays de l’OCDE. La politique européenne, à travers sa « Stratégie Europe 2020 », a en effet renforcé l’intérêt d’un « espace euro- péen de l’enseignement supérieur » (EEES) en fixant plusieurs objectifs, parmi lesquels le souhait d’atteindre « au moins 40 % des personnes âgées de 30 à 34 ans » diplômées du supérieur. Cet objectif a été atteint en
moyenne, avec cependant une impor- tante hétérogénéité : 52 % en Suède, 46 % en France et 22 % en Italie1.
Si l’une des caractéristiques des sys- tèmes universitaires européens tient à leur développement assez singulier selon des trajectoires et des modali- tés différentes que Musselin (2009) ordonne autour de trois modèles – humboldtien, napoléonien et britan- nique -, celle-ci rappelle que l’une « des conséquences des réformes menées depuis bientôt trente ans est d’avoir considérablement affaibli chacun de ces modèles en essayant de leur substituer un modèle alter- natif et unique » (p. 72). Ce principe est parfaitement incarné par « Rome 2020 », qui consacre le principe d’échanges de bonnes pratiques et l’aide à la concrétisation de réformes des systèmes d’enseignement su- périeur, en lien avec trois « engage- ments clés »2.
Face à ces injonctions, stratégies et autres politiques éducatives, il convient d’interroger la notion d’éga- lité d’accès à l’enseignement supé- rieur autant que celle de réussite de toutes et tous en son sein, à la lu- mière de cette « bonne université » et de ce « bon enseignement » que la commission européenne s’efforce de définir depuis Bologne (Croché, 2009).