Langue, texte, énigme : c’est autour de ces trois pôles que l’écriture littéraire s’essaie à fabriquer de l’art : la poésie – et dans une autre mesure le roman et la prose de fiction – sont d’abord des objets sonores, qui par le rythme, les sonorités créent une musique en même temps qu’ils offrent du sens ; la portée du texte s’enrichit des sonorités qui le soutiennent. L’objet littéraire est également un objet visuel : qu’il soit imprimé ou manuscrit, le mot s’affiche d’abord sur la page, et joue d’une spatialité, d’une beauté graphique en créant d’autres relations, de proximité ou de hiérarchie. Il n’y a pas enfin de bonheur artistique sans que le sens échappe un peu, sans que le texte qui nous est offert ne joue à se cacher en même temps qu’il se montre ; c’est notre perspicacité, notre finesse, notre regard au monde qui sont exercés sur l’objet poétique ; qu’on la lise ou la compose, l’œuvre poétique, l’œuvre à contraintes, exercent notre connaissance de l’âme humaine.