Quel pervers ! Le mot est d’usage aisé. Qui ne l’emploie, à l’occasion ? Mais pour autant, que prétend-on dire par là ? Que le sujet que l’on vise ainsi est vraiment mal intentionné ? Qu’il a coutume de violer codes et interdits sociaux ? Qu’il relève d’une structure psychique particulière, se traduisant par des conduites — disons — très « singulières » ?
De fait, « pervers » renvoie aussi bien à la notion de perversité qu’au concept de perversion. Qu’il s’agit donc de nettement distinguer. Pour comprendre, d’abord, ce que l’on entend par perversion, d’un point de vue moral, social, et — surtout, peut-être — psychopathologique. Ce qui conduit alors à réaliser que le pervers n’est pas forcément celui qu’on croit : cet être manipulateur et libidineux volontiers peint par les media, mais qu’il répond, comme tout sujet, à une logique propre et à des formes de détermination que l’on peut isoler, saisir, décrire et analyser.
Et dont on essaiera — cette année durant, et d’une conférence l’autre — de rendre compte sur chacun de ces plans : historique, culturel, social, psychiatrique, philosophique, voire esthétique. Dégageant, ce faisant, outre cette logique de la structure psychique du pervers, quelques unes de ses figures, d’une part, et quelques uns des rapports électifs qu’il entretient, d’autre part, avec la sexualité, bien sûr, mais aussi avec l’ordre social, avec la criminalité, avec l’animalité, le langage, l’art, ou la féminité.
Vaste programme, on le voit, guère susceptible de n’être réalisé que grâce à l’exceptionnelle qualité des conférenciers invités pour relever cette gageure.
Alain Abelhauser, Professeur des universités en psychologie clinique
Directeur scientifique du cours public 2015-2016