Si la piste suggestive du «paysage sonore» identifiée dès 1971 par Murray Schafer inspire depuis les historiens pour mieux saisir les mutations culturelles opérant au coeur des sensibilités, les expressions acoustiques elles-mêmes sont porteuses de sens. Qu’elles soient sacrées, profanes, savantes, populaires, patrimoniales, créatives, polyphoniques, écrites ou improvisées…les musiques engagent des apprentissages, des instrumentations, des productions, des consommations et des gestes associés comme la danse, la prière, le travail, la contestation voire participent de l’édification nationale. De ce fait, elles disent aussi – derrière le délassement, la ritualité de cour, l’élévation et les tourments de l’âme -, les relations renouvelées du présent au passé par la magie et la nécessité de l’interprétation. Des frontières de la paléomusécologie aux réflexions sur les portées sociales et politiques des sons, ce Cours propose tout à la fois d’entendre comment émergent les sonorités in-ouïes, pourquoi existent des tempéraments étrangers les uns aux autres, et bien entendu par quels moyens s’opère la réverbération des tempi révolus et actuels par la voix, l’oreille et l’artefact. Bref, alors que «répertoires» et «registres» sont devenus des catégories du social, faisons gammes et variations sur l’Histoire opus 21.
Patrick Harismendy
Professeur d’histoire contemporaine
Université Rennes 2