Pour ce cycle de conférences Cours publics 2020, seront étudiés les circuits longs.
Prééminente dans l’Université française, sous l’égide de « l’école des Annales », menée d’abord par Marc Bloch et Lucien Febvre, puis par Fernand Braudel et Ernest Labrousse, l’histoire économique a connu des vicissitudes avant de trouver un nouveau souffle, en se démultipliant tout en réintégrant des perspectives initiales. S’il est encore question de conjoncture et de cycles, de capital et de formation des prix, de marchés monétaires et de banques centrales, l’intérêt pour les mondes de la « marchandise », les chaînes d’acteurs mobilisés au fil des opérations, les accords diplomatiques, les outils comptables, les instruments fiduciaires, les vecteurs de mobilité, les logiques des routes commerciales, mais aussi les produits acheminés, des mois durant, pour satisfaire aux nécessités ou aux délices des consommateurs, mis en responsabilité, sont revisités par des approches sociales, matérielles ou éthiques. Bref, derrière les pratiques de l’échange, se retrouvent interrogés les usages culturels régénérés de celles et ceux qui orchestrent ces transferts et en bénéficient. Seul bémol, et non des moindres, les soutiers de l’économie, à savoir les humbles, et pas seulement la classe ouvrière, sont devenus invisibles, à peu de choses près. En ces temps de guerres commerciales et douanières, de CETA et de MERCOSUR sur fond de Brexit, les jeux d’échelle invitent à interroger, en creux, la pertinence des circuits courts dans ces emboîtements.
Patrick Harismendy
Professeur d’histoire contemporaine
Université Rennes 2