Le jeudi 12 juin 2014, l’Université Rennes 2 organisait, pour la troisième année consécutive, une journée de la recherche sur le thème « Faire corps, perspectives plurielles de la recherche sur le corps aujourd’hui ».
Ouverte à tous, cette journée a pour objectif de favoriser les rapprochements entre les unités de recherche de l’université et de mieux faire connaître les travaux de recherche menés à Rennes 2. À travers des exposés courts, les chercheurs de différentes disciplines montreront les perspectives de la recherche sur le corps à l’université Rennes 2.
Le corps est au cœur de la vie, il est au centre des relations (humaines, sociales, culturelles), il est source de nombreuses représentations (visuelle, matérielle, virtuelle…), c’est par lui que sont véhiculés les flux qui gouvernent notre existence.
Le corps est aussi métaphore, il devient contenant de multiples variations conceptuelles, figurées ou abstraites, il est la jonction entre ce qui nous constitue dans une forme réflexive — le rapport à notre corps —, et duelle — le rapport au corps des autres. Il serait possible d’affirmer que, de façon indifférenciée, des sciences dures aux sciences humaines et sociales en passant par les arts et la littérature, toutes les disciplines ont fait du corps l’objet principal de leurs recherches.
Alors que la référence à Michel Foucault et à son travail unique sur le corps dès les années 1970 comme espace central de l’analyse du pouvoir (notamment sur les régulations de la santé) nourrit la réflexion au sein des humanités, se dégage l’usage d’un vocabulaire commun où en histoire, en géographie, en médecine, en psychanalyse, en sociologie, en philosophie, en sport, mais aussi en histoire des arts visuels, en lettres, en langues (pour ne citer que ces disciplines), le corps va devenir, au delà de sa fonction perceptive, une entité politique et sociale permettant de réglementer ses représentations et ses circulations.
Langage des émotions et répression de ces derniers, réception intime et bouclier, le corps en tant qu’intermédiaire de zones poreuses, agit conjointement comme un lien réflexif et expressif entre soi et le monde, entre le Moi et l’environnement social (voir Norbert Elias redécouvert en France dans les années 1970). Le corps malléable, fabriqué, inséparable de l’univers social s’enrichit par exemple dans le domaine de la biomécanique d’observations sur la cinématique du mouvement en particulier par l’étude de variables spatio-temporelles telles la trajectoire, la vitesse ou l’accélération, phénomènes que l’on retrouve figurés au sein de différentes formes de représentations visuelles. Des origines de la photographie (Etienne-Jules Marey, Eadward Muybridge au XIXe siècle) aux expérimentations virtuelles les plus actuelles, en passant par une approche sensorielle fluide ou heurtée de l’espace géographique, urbain mais aussi allégorique, le corps matériel ou dématérialisé s’associe au mouvement, au déplacement, à la migration, au transfert, au voyage.
Passeur, le corps reste le déterminant majeur de notre existence et la recherche le lieu où le passage devient effectif. Les façons d’envisager ce corps dans sa pluralité et en enclenchant des modes de pensées stratifiées sera le point central des variations possibles pour cette journée de la recherche 2014 à l’Université Rennes 2.