Rennes 2 a été ma cour des miracles. Débarquant de mon Finistère natal après des études d’économie, j’ai découvert un campus encore vaguement auréolé d’un passé militant qu’un tag « historique » (Vive la dictariat de la prolétature !) affichait crânement. Les copains du 29 me chambraient en me prédisant des soirées barbantes avec des « gauchos » jouant de la guitare devant des feux de camps, et j’ai découvert une cité grouillante de 16 000 âmes. Après trois années marquées par la rigueur des équations macro-économiques, les cours d’Information et Communication que je suivais en 1986 m’ont ouvert des perspectives aussi insoupçonnées que… déroutantes. Je ne suis pas prêt d’oublier un exposé sur le Land Art qui a laissé pantois le jeune homme peu cultivé que j’étais à l’époque. J’étais venu étudier le message et le média et voilà qu’on essayait de me convaincre que trois bouées placées à équidistance sur un plan d’eau constituaient une œuvre d’art !? Ce cours a pourtant été le déclencheur du premier miracle : il a affuté mon regard. Après le Land Art, il y eu la BD, la photo, la fascination de cet enseignant (il s’est déjà reconnu) pour MC Escher… Une petite flamme venait de s’allumer et le deuxième miracle se profilait déjà.
Quand, avec un groupe de copains d’Info-Com, nous avons décidé de nous lancer dans la pratique de la vidéo en dehors du cadre trop balisé des ateliers inscrits au programme, il a fallu nous débrouiller pour avoir accès à une caméra et un banc de montage inaccessibles. Sur le papier. Car dans les faits, j’ai autant appris dans nos efforts pour contourner les règlements et les directives syndicales que dans la plupart des cours magistraux que je suivais (ou pas…). La flamme prenait du volume et certains profs, les copains des nuits de montage et un trublion nommé Yvon soufflaient pour qu’elle grossisse encore. Yvon a été notre passe-partout dans ce Fort-Boyard de Villejean dont les serrures ne pouvaient résister longtemps aux hormones de nos 20 ans. Ma vocation de producteur est née dans les sous-sols de Rennes 2, dans un endroit sombre qui ne s’appelait pas encore le CREA. Nous n’avions guère de fenêtres, mais nous avions atteint les écrans…
Il n’y a pas eu de feux de bois, mais les soirées étaient riches de ces amours et de ces amitiés qui naissent autour d’un projet, d’un rêve partagé après les cours. Et si depuis cette époque, je garde un indéfectible attachement à Rennes 2, c’est sans doute parce que c’est en ses murs que j’ai le plus appris à rêver.
Mes Coups de cœur :
Agnes Varda, ma bobine, parce que depuis ce film, la phrase « plutôt que peindre, vous dépeignez » est restée graver dans ma mémoire… @Patrick @Francis @Rotu @Eric
Straight Ahead du Big Band universitaire Rennes 2, parce qu’un big band ça groove et qu’une université qui a un big band devrait être Number One au fucking classement de Shanghaï !
Dans les murs de la Casbah, parce que Céline Dréan + Aurélie Angebault + Vivement Lundi ! + Rennes 2 = une belle réussite