Une conférence d’Elisabeth Roudinesco, docteur ès lettres et historienne, directrice de recherches (HDR) au département d’histoire de l’Université de Paris VII, dans le cadre du cours public consacré à la perversion.
Est réputé pervers, depuis l’apparition du mot au Moyen Âge, celui qui jouit du mal et de la destruction de soi ou de l’autre. Si l’expérience de la perversion est universelle, chaque époque la considère et la traite à sa façon.
L’histoire des pervers en Occident est complexe, depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours se sont distingués des singularités et des systèmes : Sade invente la perversion au sens moderne tandis que le XIXe siècle isole les trois figures de l’enfant masturbateur, de l’homosexuel et la femme hystérique. Le nazisme sera l’essence même d’un système pervers de type exterminateur. Notre époque feint de croire que la science nous permettra bientôt d’en finir avec la perversion. Mais en prétendant l’éradiquer, nous prenons le risque de détruire l’idée d’une possible distinction entre le bien et le mal, qui est au fondement même de la civilisation.
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