L’R du temps – Sport et jeux olympiques et paralympiques: de la performance à l’impact social
Résumé
L’R du temps est une nouvelle émission WebTV qui croise l’actualité de l’université Rennes 2 et les sujets de société. Intitulée Sport et Jeux olympiques et paralympiques : de la performance à l’impact social, la première édition aborde le rôle des chercheur·e·s et des étudiant·e·s au service de sportif·ive·s de haut niveau à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques mais aussi le sport dans sa dimension sociale et engagée.
Partie 1 – Une première table ronde intitulée Les Jeux olympiques et paralympiques, source de nouveaux événements sportifs ? rassemble de l’université Rennes 2, Hugo Bourbillères, sociologue du sport et chargé de mission « Sport et JO », Nour Aït Kaddour, étudiant en master Digisport et kayakiste de haut niveau et Pierre Touzard, ingénieur en analyse du mouvement au laboratoire M2S .
Il y est question d’événements comme Olympic’in fac, organisés par les étudiant·e·s de licence de management du sport, de l’engagement pour un étudiant-sportif de haut niveau et de l’implication des chercheur·e·s dans les grands événements sportifs au travers de l’accompagnement des professionnels de tennis paralympique.
Gagner en performance grâce aux sciences du numériques ou comment s’appuyer sur la recherche pour gagner en technicité ou en rapidité : deux projets sont présentés.
Partie 2 – Neptune : le meilleur chrono en natation
En natation , Yannis Raineteau, doctorant au laboratoire M2S travaille à aider les nageurs à trouver la meilleure technique et le meilleur chrono lors des championnats de France de natation, épreuves de sélection des jeux (projet NEPTUNE).
Partie 3 – Revea: la réalité virtuelle au service du boxeur. Post-doctorante au laboratoire M2S, au sein du projet REVEA,
Annabelle Limballe utilise la réalité virtuelle pour que les boxeurs puissent s’entrainer sans se blesser et améliorer leur technicité.
Partie 4 – Une nouvelle table ronde présente Aquarius, une vague de confiance.
Le projet étudiant accompagne un public de migrants à retrouver un nouveau rapport à l’eau et a gagner en confiance. En présence de Mathilde Porcher, enseignante d’EPS, Alexandre TUAL, éducateur à Coallia et François Le Yondre, Directeur du Laboratoire VIPS² .
Partie 5 – Les jeux, quel impact social ? Hugo Bourbillères, sociologue du sport, au laboratoire VIPS², interroge les notions d’héritage et d’impact social des Jeux olympiques et paralympiques.
Transcription
Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes très heureux de vous retrouver aujourd’hui pour le premier numéro de L’R du Temps. « L’R du Temps », la nouvelle émission de l’université Rennes 2 qui croise les sujets d’actualité et les sujets de société. Nous nous retrouvons aujourd’hui devant la Halle d’athlétisme Robert Poirier, située à Rennes, en plein cœur du campus Villejean. Car en 2024, comment ne pas parler de sport alors que Paris et d’autres sites en France s’apprêtent à accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques. Nous allons bien sûr parler de cet événement majeur qui occupe le devant de l’actualité, mais également de sport qui en France est organisé en deux pôles, le sport pour tous et pour toutes et le sport de haut niveau. Pour cela, nous serons accompagnés de chercheurs et de chercheuses, mais aussi d’étudiants et d’étudiantes qui nous plongeront au cœur de différents projets menés en lien avec l’université Rennes 2. Au sommaire de cette émission, nous verrons comment 2024 a été le prétexte pour créer de l’événement sportif, mais également comment les étudiants sportifs de haut niveau se préparent. Et en coulisses, nous verrons les chercheurs qui accompagnent la performance. Nous découvrirons ensuite deux projets, Neptune et Revea, deux projets de recherche qui accompagnent la haute performance en natation, mais également en boxe, avant de revenir sur une initiative socio-sportive, le projet Aquarius porté par un des masters STAPS. Et pour finir, nous nous demanderons si les Jeux Olympiques peuvent apporter un plus pour la société et nous parlerons de cette question avec Hugo Bourbillères, qui est spécialiste de la question. Un programme donc assez riche. Nous vous souhaitons une bonne émission. Bonne émission.
Partie 1 – Une première table ronde intitulée Les Jeux olympiques et paralympiques, source de nouveaux événements sportifs ?
Bienvenue pour cette émission sur le sport et les Jeux Olympiques et Paralympiques. Je vais commencer par remercier le Conseil départemental qui nous accueille aujourd’hui dans cette magnifique halle du stade Robert Poirier. Et oui, et nous voilà réunis pour cette première partie dédiée à la façon dont l’Université Rennes 2 aborde cette année olympique et paralympique.
Et pour commencer, nous accueillons sur ce plateau télé Hugo Bourbillères. Vous êtes donc maître de conférence à l’Université Rennes 2 en même temps que chargé de mission sport et Jeux Olympiques et Paralympiques. Oui, bonjour. Et nous accueillons également Nour Aït Kaddour, qui est kayakiste et étudiant au master digisport, ainsi que Pierre Touzard. Pierre Touzard, vous êtes ingénieur de recherche en analyse du mouvement et spécialiste de tennis. C’est ça. Bonjour et je me permets de revenir vers vous Hugo Bourbillères, donc je le rappelle rapidement, vous êtes maître de conférence donc spécialisé dans l’analyse des effets sociaux des événements sportifs et en même temps chargé de mission à l’université Rennes 2 « sport et jeux olympiques et paralympiques ». C’est une mission qui doit avoir un sens particulier en cette année, non? Tout à fait, mais enfin, oui et non, en réalité parce que le sport est un objet par essence transversal qui impacte l’ensemble de la communauté universitaire, que ce soit les personnels ou les étudiantes et les étudiants et de fait les jeux olympiques bien sûr apportent une actualité, une frénésie. Cette émission en est le parfait exemple. On en parle et du coup c’est l’occasion d’aborder plein d’autres sujets, ça va être le cas d’ailleurs dans les minutes qui viennent, mais du coup c’est vrai qu’il y a beaucoup de choses qui existent sur le sport que ce soit à travers l’offre de pratiques sportives par les services de l’université, que ce soit sur la formation, que ce soit sur la recherche également qui se feront quasiment au quotidien à l’université. Et justement, on sait qu’une partie des projets sportifs existent déjà, sont déjà ancrées sur le territoire, n’ont pas besoin des jeux, mais aussi qu’une autre partie des projets voient, en tout cas prennent l’élan de cette année 2024, on est allé à la rencontre en juin du parcours de la flamme qui, justement qui, est passé ici, est-ce que c’est le cas aussi donc pour l’université Rennes 2, est-ce qu’il y a des initiatives qui voient le jour ? Bien sûr alors l’établissement Rennes 2 est labellisé génération 2024 donc, ce qui en fait, un établissement qui résonne au rythme des Jeux Olympiques notamment sur sa dimension événementielle et en effet il y a un certain nombre d’événements qu’on a cherché à impulser où on a essayé d’accompagner, ce qui se fait déjà comme je le disais au quotidien, mais en lui donnant peut-être une petite connotation olympique et à cet égard il y a un certain nombre de projets qui se sont développés, on peut mentionner par exemple les événements Olymp’in Fac qui sont des événements de pratiques sportives multisport donc on a eu du trial, on a eu de la natation, du hockey subaquatique, on a eu également du break dance, du badminton et qui étaient organisés par les étudiants de l’université, les étudiants de la licence 3 management du sport encadrés par l’équipe pédagogique et qui permettaient voilà pour le coup qui a vraiment été créé à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques. Mais je le redis cela vient compléter une offre d’événements sportifs qui existe annuellement à l’université et qui est déjà extrêmement riche et pas que des événements sportifs d’ailleurs -si vous me permettez- mais aussi des événements culturels qui ont pris aussi une connotation un petit peu sportive cette année et également des événements sur la dimension sport-santé. Vous savez quoi, on a même les images d’Olymp’in Fac, on regarde ça tout de suite. Moi je me présente c’est Aurélien Rudowski, je suis en licence 3 management du sport et avec ma classe on a décidé en vue de l’arrivée des Jeux olympiques de Paris 2024 d’organiser un événement intitulé Olymp’In Fac à destination de tous les étudiants du campus et aussi des personnels de Rennes 2 en présentant différentes activités sportives, à savoir le break dance, qui est une nouvelle discipline olympique, le fitness et évidemment le badminton et le Parabadminton. On organise un battle de break dance en partenariat donc avec le collectif FAIRE et le CCNRB qui vont justement se charger d’animer complètement cette battle à destination des étudiants amateurs. Et il y aura évidemment des lots à la clé pour rendre ça un petit peu plus attrayant. Une super super initiative qu’on espère pourra être être prolongée. On aura l’occasion, en tout cas, de revenir sur le sujet et plus particulièrement à travers certains de vos travaux de recherche Hugo Bourbillères.
En attendant nous avons la chance d’avoir sur ce plateau Nour Aït Kaddour. Nour, vous êtes kayakiste et étudiant, vous êtes originaire de Montpellier et néanmoins vous avez choisi Rennes pour vous entraîner et pour vos études. Racontez-moi ça. Après 21 ans, passé à Montpellier j’avais fait le tour de la ville et j’ai fini ma licence 3 MIASHS à l’université Paul Valéry et je me suis dit qu’il fallait que je change d’environnement, non seulement pour le sport mais aussi pour ne pas regretter mes études, et il y a eu l’occasion de faire mon master à Rennes et la construction du bassin à Cesson-Sévigné qui était labellisé Olympique. Donc pour moi, c’était assez évident. Je me suis pas posé beaucoup de questions. On voit d’ailleurs quelques images où vous vous entraînez dans ce bassin à Cesson-Sévigné. Hugo, je me tourne vers vous. Combien d’étudiants sont concernés par une pratique de sport à haut niveau à l’université Rennes 2 Alors chaque année, il y a à peu près une vingtaine d’étudiants qui sont listés sportifs ou sportives de haut niveau et on a également un statut que l’on donne au niveau de l’université: sportive, sportif de haut niveau universitaire donc SHNU qui là regroupe des étudiants qui ne sont pas sur les listes ministérielles mais qui peuvent attester, quand même, d’une pratique d’un certain niveau qui peut se traduire donc par l’accomplissement d’un double projet qu’on cherche à encourager. Et donc à cet égard en effet, l’établissement Rennes 2 est un établissement donc labellisé accueil des étudiants sportives et sportifs de haut niveau et on travaille en collaboration sur le site rennais avec l’Université de Rennes sur cet aspect. Nour, qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce master Digisport ? Est-ce que vous pouvez nous parler des spécificités de ce master ? Bien sûr moi, en fait je sors de licence MIASHS « Maths : infos appliquées sciences humaines et sociales ». C’est un grand nom qui veut dire en gros science des données avec plusieurs domaines d’application. Moi j’étais plutôt côté psycho en licence et à la sortie de la licence j’avais envie de changer et d’appliquer à autre chose dont j’étais un peu plus proche, en l’occurrence le sport. Et c’est ce que promettait, du moins à ce moment là, le master Digisport avec sciences du sport et sciences du numérique. Et l’intérêt, que j’ai découvert en arrivant, c’est ,qu’on a la possibilité de choisir des matières. Donc, on a un tronc commun qui est commun à tous ceux qui viennent de sciences des données mais aussi de sciences du sport parce qu’il y a d’autres étudiants qui arrivaient de STAPS. Et après ça, on peut choisir nos matières et organiser la formation à peu près comme on veut. Autant, dans les matières qu’on suit que dans les projets qu’on fait. Ce qui permet à la sortie d’avoir un diplôme Digisport qui est presque personnalisé. C’est ça qui est hyper intéressant dans ces écoles universitaires de recherche, qui sont assez récentes, et qui permettent vraiment aux étudiants avec des profils spécifiques comme le vôtre d’avoir un parcours sur-mesure et innovant. J’avais envie de vous poser des questions aussi côté compétition, quelle est votre actualité. Ou ces six derniers mois qu’est ce qui s’est passé pour vous dans le domaine du kayak ? Alors pour moi, l’année 2024, elle n’est pas synonyme de Jeux Olympiques. J’ai pas eu la sélection en 2023 donc le choix c’était de finir le master avec un stage qui me plaît je le fais à Paris à l’INSEP et c’est des conditions qui sont un peu moins propices à l’entraînement que ce que j’avais à Rennes mais j’ai continué à garder contact avec le bateau très fréquemment, plusieurs fois par semaine et même par jour quand j’y arrive, et donc là, la fin de l’année pour moi se joue en septembre sur les deux dernières manches de coupe du monde, en Italie puis en Espagne. Ok, le bateau c’est le kayak, c’est l’habitude, j’étais en train de chercher. Alors ça m’intrigue, est ce que vous pouvez nous raconter comment on réussit à faire des déplacements à l’international pour des compétitions et en même temps suivre un cursus au niveau master, comment on y arrive ? On s’organise bien, on travaille quand on peut et on essaie de bien gérer le temps. Les journées sont assez courtes mais finalement quand il y a des moments de creux je me rends compte qu’il y a beaucoup de temps de temps libre. Donc voilà il faut bien gérer les journées. Une semaine type ça va être entraînement le matin, journée de cours et re-entraînement le soir, ça s’y prête plutôt bien et les horaires d’ouverture des bassins sont faits pour ça. Et après, quand on arrive dans des contextes vraiment échéance terminale donc les grosses compétitions type coupe du monde. C’est une semaine de compétition même si les vraies courses, ça se fait sur une journée ou deux et donc on a entraînement et après on arrive sur la compèt’ avec toutes les petites choses à gérer, l’inscription, le matériel aux normes et tout ça. J’imagine que vous ne vous ennuyez pas ? Non. Participer à des compétitions, ça demande aussi des moyens. Comment on réussit à trouver les moyens pour se déplacer sur ces études ? Est-ce que c’est simple ? Je dirais pas que c’est simple non. Jusqu’en 2022 mes premiers sponsors, soutiens, financeurs, c’était ma famille et mes amis. J’ai fait appel à un financement participatif en 2022 justement pour faire les mondiaux et après en 2022-2023 donc, sur ma première année de master, j’ai eu la chance d’être accompagné par l’Union nationale des clubs universitaires à travers mon club « le Montpellier Université Club » où ils m’ont proposé un service civique. Donc, ça m’a permis de faire rentrer de l’argent et d’avoir une bonne partie pour ma saison à la fin de l’année. Et je suis soutenu aussi par une fondation au Maroc la fondation Hassan 2 pour les marocains résidants à l’étranger qui m’accompagne depuis trois ans maintenant. Voilà c’était l’occasion aussi de dire que nos étudiants, ils ont besoin aussi d’être financés peut-être qu’aux États-unis, il y a plus cette habitude de soutenir le sport et les études et on pense à Marie-Aurélie Castel, qui est capitaine de l’équipe de rugby féminine, qui pourrait être concernée, ou à Emma Durand aussi avec qui on a travaillé. C’était aussi pour dire que, bien sûr, les femmes sont concernées par le sport de haut niveau. Merci Nour, on vous souhaite le meilleur et peut-être les JO dans quatre ans ! Merci beaucoup j’espère.
Et maintenant je me tourne vers Pierre Touzard pour parler un petit peu de projets de recherche et de performance. je le rappelle vous êtes postdoctorant au laboratoire Mouvement Sport Santé, un laboratoire qui traite des enjeux de l’exercice et de la performance sous différents regards par exemple biomécanique ou encore physiologique. Vous évoluez dans le secteur du tennis sur le projet BEST. Finalement l’aspect optimisation de la performance. C’est un peu la face cachée, aujourd’hui, du sport de haut niveau ? Oui c’est vrai. Alors c’est vrai que le on voit bien en fait ce que nous offrent les possibilités que nous offrent les nouvelles technologies et c’est vrai que le sport de haut niveau aujourd’hui, c’est du micro détail. C’est aller chercher ce petit mouvement, un petit peu différent, pour aller performer donc nous nos outils nous offrent la possibilité d’aller chercher ce micro détail pour pour améliorer les performances de 1% 2% et aller chercher pourquoi pas les médailles aux Jeux Olympiques. Un 1% déterminant alors et vous collaborez directement avec la Fédération Française de Tennis et vous avez accompagné plusieurs sportifs et sportives de haut niveau, comment ça se passe ces derniers mois avant les Jeux ? Alors pour l’accompagnement sportif vers les Jeux, c’est vrai que ces derniers mois n’ont pas été très très très riches, alors c’est ça s’explique assez facilement pour nous. Déjà le joueur de tennis, il est en fait constamment sur les tournois donc voilà caler des moments pour travailler sa technique, au sein d’une saison, en fait il n’y a pas énormément de moments donc les sportifs sont très pris. Et puis la deuxième chose, c’est que nous on travaille essentiellement sur la technique sur la biomécanique du geste et donc un sportif, il n’a pas totalement envie de changer son geste à deux trois mois des JO. Donc en fait, c’est un travail qu’on a fait en amont et donc c’est ces deux dernières années en 2022 et 2023. D’accord, vous parlez rapidement d’analyse biomécanique, en quoi ça consiste concrètement ? Alors, il faudrait un petit peu de temps pour développer tout ça mais, grosso modo, donc nous au M2S, on a un gymnase équipé voilà donc grosso modo un vrai cours de tennis où on a des caméras. On pose des marqueurs sur les sujets et donc ça nous permet d’obtenir le geste en trois dimensions alors avec une précision millimétrique grosso modo du positionnement dans l’espace. Et on découpe le mouvement en 300 images secondes. Ça nous permet d’être ultra précis là dessus et donc après nous on vient chercher des angles, des vitesses, des positions pour améliorer le geste du sportif. D’accord, donc une analyse complète. Vous avez notamment accompagné Stéphane Houdet, c’est à noter, triple médaillé d’or aux Jeux, ainsi que Pauline Déroulède championne de France très connue, assez présente dans les grands chelems, qu’est ce que cela leur a apporté ? Alors, faudrait leur demander, j’espère beaucoup de choses, mais non en fait c’est deux joueurs qui étaient attirés pour gagner un petit peu de kilomètre-heure au service, de servir plus vite. Voilà parce qu’en gros le service, que ce soit en tennis valide ou tennis fauteuil, c’est un coup qui est essentiel et qui permet tout de suite de prendre l’avantage. Plus on sert fort, plus on prend l’avantage et donc voilà c’était un petit peu leur commande de comment gagner quelque kilomètres-heure pour être plus performant et donc j’espère qu’on a réussi. Puisqu’on les a eu trois fois et puis au fur et à mesure des tests on a vu que la vitesse de service augmentait comme je disais de quelques pourcents mais en fait ça fait la différence. l’optimisation du geste de la performance, est-ce que c’est le seul objectif de ce domaine de recherche ou est-ce qu’il y en a globalement d’autres ? Alors c’est une énorme partie de notre travail mais si on est complet en fait on a aussi un travail sur la prévention des blessures. C’est à dire que les sportifs -alors certains reviennent de blessures et donc veulent essayer un peu de comprendre si c’est en lien avec leur geste- ou veulent tout simplement pas se blesser en fait et puis avoir le geste, le mouvement le plus efficient possible. Et nous par exemple au service, c’est un geste qui est répété des milliers de fois, lors d’une saison, pendant les matchs les entraînements donc on se doute bien que si le mouvement n’est pas optimisé et qu’on vient charger par exemple un petit peu trop l’épaule un petit peu trop les abdos, répété mille fois, deux mille fois dans la saison. Forcément, on va peut-être aller à la cassure. Donc nous on essaye d’aller chercher ces petits détails pour un geste plus efficient. D’accord et bien merci beaucoup d’avoir un petit peu expliqué davantage ce sujet passionnant. Merci d’ailleurs à vous trois d’avoir répondu à cette invitation. Je vous propose maintenant d’aller piquer une petite tête dans le bassin de natation pour comprendre comment les chercheurs et les chercheuses accompagnent la haute performance, cette fois-ci en natation.
Partie 2 – Neptune : le meilleur chrono en natation
Dans ce nouveau sujet nous allons aborder le rôle des chercheurs aux côtés des sportifs notamment aux côtés des nageurs dans la recherche du meilleur chrono. Nous avons rencontré il y a quelques jours Yannis Raineteau en visio puisqu’il est mobilisé cette semaine sur les championnats de France de natation. il accompagne notamment un certain Florent Manaudou. Je vous laisse découvrir. Bonjour Yannis, Yannis Raineteau, vous faites votre thèse au laboratoire M2S, Mouvement, Sport et Santé à l’université Rennes 2, avec la Fédération Française de Natation, au service « optimisation de la performance ». Est-ce que vous pouvez nous raconter, quel est le contexte de votre thèse, ce que vous faites actuellement et également votre thématique de recherche ? Effectivement c’est bien ça. Donc je suis en troisième année de thèse actuellement au laboratoire Mouvement, Sport, Santé, une thèse qui est en partie financée par la Fédération Française de Natation. Ce qui permet une collaboration entre le terrain, représenté par la fédération et la science, représentée par l’université, et le laboratoire dans lequel je travaille et ma thématique de recherche : c’est le transfert de force entre la préparation physique et la nage. Et donc dans ce contexte, c’est de savoir -puisque les nageurs de sprint, c’est-à-dire les nageurs de courte distance 50-100 mètres, utilisent beaucoup la préparation physique pour optimiser leur performance. C’est ce ce qu’on appelle dans le langage commun la musculation. Ils utilisent beaucoup cet outil là pour optimiser leur performance. C’est de savoir comment ils arrivent à transférer les qualités qu’ils acquièrent dans ce milieu là vers la nage. Alors Yannis, vous travaillez au sein d’un projet de recherche qui s’appelle Neptune sur la natation. Donc, est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu comment vous évoluez au sein de ce projet et comment vous mesurez la coordination et la propulsion des nageurs ? Effectivement, ma thèse rentre dans le cadre de ce projet. Ce programme prioritaire de recherche qui est le projet Neptune et qui aborde différents aspects de l’optimisation de la performance en natation, notamment en vue des JO de Paris 2024. Et sur les sujets qui me concernent, on retrouve notamment l’amélioration de la coordination, de la propulsion et de l’énergétique du nageur mais aussi la réduction des résistances à l’avancement. Donc moi sur la partie coordination propulsion, les mesures qui me permettent d’aborder ce sujet, ce sont des mesures de vitesse et de force dans les deux milieux qui sont le milieu à sec, c’est à dire la préparation physique et la nage. Et donc ces mesures de vitesse et de force, elles se font grâce à des appareils. En musculation c’est un petit appareil qui est posé au sol et qui permet le déroulement d’un fil et ce déroulement du fil permet de mesurer la force et la vitesse développée sur la barre de musculation. Et en natation, c’est un appareil qui est disposé au bord du bassin et également grâce à un déroulement d’un fil qui est attaché à la ceinture du nageur permet la mesure de vitesse et de force et qui permet également d’appliquer une résistance à l’avancement du nageur, de pouvoir le freiner grâce à une résistance motorisée. Vous avez parlé également de freins à l’avancement. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ? C’est ça. En fait si on peut prendre la métaphore d’une voiture. la propulsion ça serait le moteur de la voiture et donc on cherche à améliorer ce moteur, à le rendre plus puissant, plus endurant pour les nageurs de plus longue distance mais là en l’occurrence ce qui nous intéresse c’est les nageurs de sprint. Donc c’est de rendre ce moteur plus puissant mais si le frein à main est en permanence levé la performance ne sera pas au rendez-vous. Et donc le but de cet équilibre, c’est justement de trouver une façon d’augmenter, d’améliorer la propulsion tout en réduisant les résistances à l’avancement que va rencontrer le nageur. D’accord, donc ça veut dire que vous, vous transmettez des données aux coachs des sportifs et que vous leur donnez des informations sur la force, la propulsion -la propulsion il y a aussi une idée assez technique de comment on prend appui sur l’eau et on se meut dans l’eau- mais aussi sur ses freins à l’avancement qui peuvent être des positionnements de mains, j’imagine, de tête, qui vont plus ou moins faciliter le mouvement ou le ralentir. En natation, il y a un aspect technique qui est très très important et qui concerne en fait ces deux sujets là, de propulsion et de résistance à l’avancement. Dans la propulsion, on va retrouver l’efficacité propulsive, c’est-à-dire que un nageur -même s’il a énormément de force hors de l’eau- cette force il faut savoir la retranscrire pour se déplacer vers l’avant et ne pas perdre d’énergie à appliquer la force sur les côtés par exemple etc. Donc ça c’est un premier aspect, l’aspect efficacité propulsive. Et concernant les résistances à l’avancement, on retrouve aussi un aspect d’efficacité de placement de technique pour avoir le placement idéal pour faire en sorte de réduire ces résistances là. Ça nous permet de mieux comprendre comment vous accompagnez les nageurs au quotidien et d’ailleurs vous êtes en contact avec beaucoup d’athlètes et notamment Florent Manaudou sur cette dernière saison. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment vous l’avez suivi, à quelle fréquence ? Effectivement, ce partenariat sur ma thèse avec la Fédération Française de Natation, me permet de pouvoir accompagner différents nageurs français dont Florent Manaudou et de faire un suivi, sur le long terme, et notamment à l’échelle d’une saison pour Florent Manaudou, que j’ai pu suivre quatre fois dans la saison sur ces mesures de vitesse et de force en préparation physique et dans l’eau. Et donc ces mesures là, s’effectuent régulièrement. On rend des rapports aux coachs qui nous sollicitent par rapport à ces mesures là et qui permettent de pouvoir adapter leur entraînement en fonction des résultats de ces mesures. Et donc Florent Manodou, c’est quoi ses chances aux 50 ou 100 mètres pour ces prochains Jeux ? Malheureusement, les mesures que je peux mettre en place sur le terrain ne permettent pas de prédire une performance en tant que telle, mais ça nous donne des idées de ce qui construit la performance. Et le fait d’être financé en partie par la Fédération Française de Natation me permet aussi de garder un contact justement avec la performance en compétition puisque je suis amené à me déplacer sur ces compétitions pour d’autres missions d’optimisation de la performance, telles que l’analyse vidéo des courses, etc. Donc cet aspect là de performance en compétition, je le garde aussi au quotidien on va dire -même si, bon voilà il n’y a pas des compétitions tous les jours- mais ça me permet de garder un rapport très développé avec le terrain et la performance et donc de comprendre un peu mieux le lien entre mes mesures et la performance. Merci Yannis pour ces précisions sur le projet Neptune et sur votre sujet de recherche. On vous souhaite le meilleur pour la suite. Merci d’avoir été avec nous. Merci à vous.
Partie 3 – Revea : la réalité virtuelle au service du boxeur
On va parler maintenant de boxe avec Annabelle. Annabelle vous êtes post-doctorante au laboratoire M2S. Pour parler de boxe j’avais une question, un peu bête, mais je vais quand même la poser. On est d’accord que ce sport, il est relativement dangereux ? La boxe, c’est un sport qui présente des risques dans la mesure où on cherche le KO donc la commotion cérébrale pour mettre fin au combat. Il y a une autre possibilité de gagner mais à la fin on cherche quand même à mettre des coups sur un adversaire donc ça présente un certain nombre de risques. On est d’accord que c’est pas de tout repos. Et on va voir en fait comment les sciences du numérique peuvent avoir un intérêt pour s’entraîner au travers de ce projet qui s’appelle REVEA et qui utilise la réalité virtuelle pour permettre des entraînements virtuels. On va avoir une petite démonstration avec Hugo, qui est en train d’enfiler le casque de réalité virtuelle. On est d’accord Annabelle qu’un casque de VR ça permet de voir en 3D et de voir à 360°, c’est ça ? Oui c’est ça donc le point de vue s’adapte là où regarde Hugo et ça permet d’interagir avec notre environnement virtuel et également de voir en profondeur, donc en 3D. Ok, alors là comment ça se passe exactement ? Hugo est équipé. Voilà la session est lancée et se trouve face à un adversaire virtuel donc qui lui envoie des coups et Hugo est en situation défensive donc il lui est demandé de travailler ses capacités d’anticipation et de contre-attaque. Donc en fait, il va pouvoir s’exercer sans prendre de coups, on est d’accord et qu’est ce que ça permet en plus, de travailler face à un joueur virtuel ? Quand on parle d’un athlète qui s’entraîne pour les JO, qui est un potentiel médaillable, on parle de 30 heures d’entraînement par semaine avec des coups à répétition que ce soit au niveau des poignées ou de la tête. Ce qui présente des risques et à un moment donné, on ne peut pas ajouter une charge supplémentaire d’entraînement sans risquer des risques de blessure trop importants. De ce fait, c’est intéressant d’avoir un entraînement alternatif et complémentaire qui ne remplace pas l’entraînement traditionnel mais qui permet de travailler différemment. Ils font ça en parallèle de leur entraînement classique et donc vous remettez au boxeur et au coach un espèce de rapport suite à ces entraînements. Comment ça se passe et quelles informations, ça fournit à l’encadrement ? L’avantage de la réalité virtuelle c’est qu’en temps réel on sait tout ce qui se passe dans l’environnement donc ce que fait notre adversaire et également ce que fait notre participant à l’aide des trackers qui mesurent les positions -notamment le nombre de coups pris, le nombre de coups reçus. Et du coup, c’est intéressant pour l’entraîneur et l’athlète. Parce qu’en temps réel, juste après la fin de la session, il y a un rapport automatique qui se génère et qui quantifie précisément la performance, donc en donnant le nombre de coups pris, le nombre de défenses réussies, le nombre de contre-attaques faites et également une quantification des défenses, donc est-ce qu’on a fait plutôt des esquives à gauche, des esquives à droite ou des retraits. Donc ça ça permet directement d’orienter des consignes pour l’entraîneur et d’avoir un outil qui lui sert à suivre son athlète. De qualifier un peu finalement le type de coup qu’il fait, pouvoir varier son style de jeu, c’est ça que ça permet d’objectiver finalement. Voilà essayer de sortir d’une défense stéréotypée pour être imprévisible face à son adversaire et du coup le prendre plus facilement à défaut. Très bien et vous travaillez avec ce dispositif avec des clubs au niveau local mais au niveau national, comment ça se passe ? Alors le projet a d’abord été conçu en partenariat avec la Fédération Française de Boxe et notamment l’équipe de France et le pôle INSEP à Paris. le pôle INSEP on dit un peu pour ceux qui ne connaissent pas. C’est la structure d’entraînement de haut niveau, où les athlètes médaillables, s’entraînent dans de nombreux sports dont la boxe. Donc ils sont là-bas à l’année. On travaille aussi avec des clubs locaux puisque un sportif de haut niveau a des contraintes fortes en termes de calendrier. Ils sont souvent en stage à l’étranger, etc. Et nous, scientifiquement pour valider l’outil on a besoin d’une cohorte, en termes de population, assez importante et des protocoles d’entraînement sur plusieurs semaines. Donc pour ces raisons, on fait un protocole actuellement de recherche avec des clubs locaux du bassin rennais et ça permet à ces boxeurs, dans les clubs de Rennes, de participer au dispositif, d’avoir la chance d’expérimenter ce qui est développé pour le haut niveau et nous ça nous permet de valider scientifiquement notre outil qui est déployé pour l’équipe de France. Finalement c’est du donnant-donnant donc c’est du haut niveau qui sert aussi pour les clubs plus locaux. Merci Annabelle, Camille et Hugo de s’être prêté à cette démonstration. Merci à tous.
Partie 4 – Aquarius, une vague de confiance
Nous allons maintenant vous parler d’une initiative étudiante qui a fait ses preuves. C’est le projet Aquarius. Et pour commencer nous sommes allés à la rencontre de Lola Voisin, étudiante du master DISC développement, intégration qui a été coordonnatrice du projet. On regarde les images tout de suite. Et bien bonjour Lola, on est à Rennes mais est-ce que tu peux nous dire exactement où est-ce que l’on se situe ?
Bonjour Mathys, écoute on est en plein cœur de la piscine de Villejean, c’est la piscine où se sont passées les 14 séances de natation du projet Aquarius. Pour être plus brève et plus précise, le projet Aquarius, c’est un projet qui a pour objectif de transformer de manière positive le rapport que des jeunes mineurs non accompagnés ont avec l’eau. Par ce dispositif, ce projet là, on va aller donc travailler le savoir nager, le rapport à l’eau et l’appréhension de l’eau -surtout vis-à-vis de cet élément. Et on va aussi travailler les compétences psychosociales. Par là, on entend empathie, travail de groupe, etc. Et il émerge donc d’un besoin que vous avez pu constater sur le terrain en master, c’est ça ? C’est ça, en fait on avait la chance d’avoir des étudiants qui étaient aussi à côté de ça, travailleurs sociaux dans des établissements comme Coallia par exemple, avec lesquels on travaille et ils ont vraiment eu un constat comme quoi certains jeunes qui ont pu arriver sur le territoire ont pu être amenés à ressentir certaines difficultés vis-à-vis de la traversée migratoire notamment, en partie en mer Méditerranée et on avait aussi ce constat de certains jeunes qui en fait n’ont juste tout simplement pas été amenés à nager dans leur enfance. Donc l’essentiel des séances se déroulent en bassin ou est-ce que vous avez d’autres temps d’activité ? On a eu évidemment des séances en bassin donc 14 mais on allait, par ce projet pluridisciplinaire là, travailler d’autres objectifs donc comme je disais, il y a vraiment l’objectif sportif du savoir-nager et l’objectif plutôt psycho des compétences psychosociales et pour ça on allait faire des temps de parole avec la psychologue. On en a fait plus d’une dizaine. On a aussi fait des activités de cohésion pour vraiment souder un groupe. L’idée c’était de se dire et on était convaincu avec l’équipe d’organisation, que un groupe soudé c’est un groupe qui avance ensemble et qui peut développer des compétences différentes. Donc on est vraiment parti là dessus en créant des activités de cohésion. Et on a aussi proposé aux jeunes des activités nautiques pour sortir de la piscine et du cadre un peu carré de la piscine, on est allé sur des séances d’aviron des séances de kayak. Les jeunes ont adoré. On allait travailler ces trucs là et c’était vraiment chouette. Pour finir on a fait un séjour à Marseille. L’idée c’était de se dire on part à Marseille avec toute l’équipe encadrante et les jeunes dans l’objectif de mettre à profit tout ce qu’ils ont développé pendant cette année avec Aquarius et aussi de boucler la boucle en se disant: on retourne à Marseille puisque c’est symbolique. Et maintenant le jeune il se dit bon maintenant je suis capable d’aller dans la mer Méditerranée de faire du paddle et ça me rend heureux et c’est ok. Donc un joli détour par la piscine Villejean qui se trouve non loin d’ici d’ailleurs. Et pour parler du projet Aquarius nous avons sur ce plateau la chance d’avoir avec nous Mathilde Porcher. Bonjour. Donc Mathilde Porcher vous êtes enseignante d’EPS, anciennement étudiante du master développement intégration. Ainsi que Alexandre Tual, éducateur au sein de la structure Coallia.
Bonjour Alexandre. Et pour finir François Le Yondre directeur du laboratoire VIPS avec lequel évoluent les étudiants. Bonjour François. Alors je me tourne d’abord vers Mathilde, on vient de voir un petit peu ces images mais est-ce que vous pouvez nous rappeler l’ambition sociale que porte le projet Aquarius? Oui, le projet Aquarius a une ambition sociale de soin principalement on l’a vu, Lola l’a dit, on est avec un public qui a vécu un traumatisme plus ou moins important et il s’agit de le soigner par le biais de séances en présence d’une psychologue et séances de natation. D’accord donc un volet d’accompagnement sportif et également autour. D’accord et bien vous savez quoi on est justement allé à la rencontre de Karamo, un des bénéficiaires du projet Aquarius pour en savoir un petit peu plus sur son expérience. On regarde ça tout de suite. Bonjour Karamo, est-ce que tu peux te présenter rapidement. Bonjour Mathys,je m’appelle Karamo Traoré, je suis né le 20 mai 2006 à Conakry. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment ce sont déroulées tes premières séances avec Aquarius ? Ma première séance avec le projet Aquarius, c’était pas facile mais on a pu surmonter quand même avec les éducs, les étudiants et les maîtres-nageurs. Donc vous avez pu, vous avez senti une différence peut-être entre, je sais pas, ton rapport à l’eau avant Aquarius et après Aquarius. Oui ,il y a une très grande différence. Au début, j’avais vraiment peur de l’eau avec tout ce qui s’est passé. Quand mon éducateur Alexandre m’a proposé j’ai pas hésité à accepter. Quand j’ai commencé maintenant là. Actuellement, je nage, j’ai pas dit super bien mais quand même je m’en sors et j’ai pas peur de l’eau, je peux aller même dans la mer, je peux aller nager dans la mer. Et comment est ce que tu décrirais l’ambiance qui régnait dans les séances d’Aquarius ? C’était un moment vraiment génial au fait, quand on s’est on s’est trouvé tout le monde était joyeux tout le monde était content et puis on était vraiment content de se revoir aussi. C’était notre force aussi quand on nous dit » Il y a la natation » tout le monde était content de venir. Quand même, c’est le moment qui me manque énormément. Est-ce que globalement, selon toi, Aquarius t’a apporté quelque chose ? Oui parce qu’il m’a permis de nager. Quand on est allé à Marseille, imagine, qui allait croire que moi je peux aller jusqu’à la mer et on a fait du kayak. On est allé jusqu’a profond sous la mer, on a osé descendre. Il n’y avait pas de gilet de sauvetage. Rien, tellement qu’on était à l’aise dans l’eau. Et je sais qu’on est en Bretagne est ce que tu as eu l’occasion de retourner à la piscine ou dans la mer Bretonne ? Chaque année, le foyer nous propose de sortir à la mer, même si quand on est allé à Marseille le foyer nous a proposé d’aller en sortie à la mer. je me suis baigné à la mer je suis allé jusqu’au profond ! j’étais dans l’eau je réalisais pas ce que je faisais mais enfin je suis fier de ce que je suis devenu et je suis fier de ce que j’avais appris avec eux aussi. C’est assez émouvant ces images et puis ce retour de Karamo qui nous dit « je me suis baigné sans gilet de sauvetage ». Alexandre Tual vous êtes éducateur à Coallia et vous avez accompagné Karamo, est-ce que ça a été facile pour lui de rentrer dans ce programme là ? Coallia s’est ouvert à l’accompagnement du public MNA, Mineurs non accompagnés, avec l’ouverture de deux structures sur les dernières années autour de Rennes et autour de Rennes. Et donc dans ce cadre là j’ai accueilli Karamo en tant qu’éducateur référent il y a maintenant deux ans. Quand nous avons été contactés pour le projet, c’est quelque chose qui effectivement s’est fait assez naturellement de par ma connaissance de la situation et du parcours de Karamo. Comme de beaucoup d’autres jeunes, j’ai pensé que ce projet était vraiment adapté pour lui. Alors l’idée c’était bien sûr de ne pas forcer les choses. Je lui ai présenté ce projet en lui montrant un premier petit reportage vidéo de la première édition qui avait été menée. Karamo s’est très vite saisi de de cette proposition. Il était enthousiaste à l’idée de le faire. Il a également su faire part de ses appréhensions. Donc, voilà c’est quelque chose qu’on a réussi à travailler par étape et avec l’idée de ne jamais brusquer les choses, de ne jamais lui donner le sentiment qu’on attend qu’il fasse ça. Que ça soit progressif, qu’il y ait une volonté d’y aller. c’est un jeune qui, de manière générale, était toujours très preneur de ce qu’on pouvait proposer et là voilà. Lui, il a tout de suite vu le bénéfice que ce genre d’action pourrait lui apporter et c’était, de mon côté, je trouvais que c’était une très belle porte d’accès pour travailler des sujets beaucoup plus délicat concernant Karamo et qui lui permettront d’évoluer dans sa construction de manière un peu plus générale. C’est ça qui est intéressant c’est à dire qu’on voit que ça a changé son rapport à l’eau mais bien au-delà en fait. C’est ça que j’ai trouvé passionnant en fait, c’est qu’il a pris confiance en lui, il y avait un groupe aussi je trouve ça intéressant cette idée de « on n’est pas tout seul », on est peut-être porté par la force du groupe et ça lui a permis de voilà d’aller au delà et de prendre confiance en lui. Tout à fait, c’est un jeune qui est marqué par ce qu’il a pu vivre auparavant, qui est assez en retrait, qui est par contre toujours dans l’échange, donc c’est quand même ça aussi qui facilite l’entrée en relation mais on voit qu’effectivement le bénéfice qu’a pu lui apporter ce projet au niveau de son appréhension du milieu aquatique. Mais au delà de ça, c’est un jeune qui est devenu un leader du groupe notamment pendant ce séjour, il s’est vraiment affirmé comme quelqu’un qui est fédérateur, qui arrive à soutenir d’autres jeunes quand ça va moins bien, en tout en lui même, prenant conscience, voilà, de ses difficultés. Il a réussi à trouver les bons outils et surtout toujours réussir à en parler, c’est super intéressant de voir l’évolution de ce jeune homme qui maintenant a beaucoup plus de clés pour s’assurer un avenir, et je doute pas que ça se passera bien pour lui. Et là je me tourne vers Mathilde Porcher parce que si j’ai bien compris, dans le cadre du master développement intégration, vous avez la volonté d’aller étudier, d’aller analyser concrètement les effets de ce type de projet sur les individus. Oui c’est ça on apprend d’une part à essayer de comprendre en quoi et comment le sport et les activités physiques peuvent être mises au service de problématiques sociales comme celles-ci et d’autre part on apprend aussi à développer un regard critique vis-à-vis de l’utilisation du sport à des fins sociales puisque on entend régulièrement que le sport est intrinsèquement porteur de valeurs et on essaie un peu de déconstruire ça donc ça passe notamment par l’analyse de ce type de projet et on remarque que souvent, quand il s’agit de projets qui n’ont pas fait l’objet de réflexions suffisantes, il peut y avoir des biais sexistes, racistes ou néocolonialistes et en fait c’est important du coup de vraiment bien réfléchir à ça et c’est ça qu’on apprend en Master DISC principalement. Et donc le fait de réfléchir à ça, derrière quand on met en place des projets, ça permet d’éviter ces biais et de se prémunir de ça. Et c’est intéressant parce que justement vous avez réalisé un travail de recherche scientifique sur le projet Aquarius, quelles sont les grandes conclusions de cette étude ? Alors les grandes conclusions, c’est qu’en fait les effets du projet, ils ont été différents en fonction de l’histoire que les jeunes avaient avec l’eau depuis leur enfance. Donc pour un premier groupe de jeunes, donc la majorité d’entre eux, en fait on a remarqué qu’ils avaient une socialisation à l’eau, c’est-à-dire qu’ils avaient côtoyé le milieu aquatique depuis leur enfance et que la traversée de la Méditerranée ça avait été évidemment une expérience négative mais tout le rapport à l’eau ne s’était pas forgé sur cette expérience-là et il n’y avait pas une appréhension très importante de l’eau quand ils ont démarré le projet. Donc très vite, on s’est rendu compte qu’en fait ils savaient nager et qu’ils n’avaient pas d’énormes difficultés. Donc voilà le projet a eu pour effet sur eux une prise de confiance en eux quand même et des apprentissages techniques vis-à-vis du milieu aquatique. Par contre pour un autre groupe, donc minoritaire, il y a trois jeunes qui étaient concernés. Eux ils n’ont pas du tout eu de contact avec l’eau notamment par le biais de baignade ou quoi au cours de leur enfance et leur rapport à l’eau s’est beaucoup plus construit au cours de cette traversée de la Méditerranée. Donc ils avaient un rapport à l’eau beaucoup plus conflictuel au départ et c’est des jeunes qui ont rencontré beaucoup de difficultés lors de la mise en place du projet et ils ont utilisé plein de stratégies d’évitement pour ne pas pratiquer en fait. On les voyait pendant les séances partir ou alors dire qu’ils avaient froid ou alors rester dans un coin et ils n’ont pas pratiqué. Et c’est là justement que les organisatrices du projet, elles se sont rendues compte de ça. Donc elles se sont rendu compte qu’en fait ça marchait pas forcément pour tous les jeunes et elles ont fait un pas de côté. Elles ont modifié le projet pour que ces trois jeunes-là puissent bénéficier de séances individualisées. Et donc in fine, ça leur a permis à tous de progresser puisqu’ils ont tous été capables à la fin de nager et de prendre confiance en eux. Donc le programme a été bénéfique pour tous les jeunes. Donc un projet et en même temps une formation universitaire qui se complètent. C’est ça. D’accord. Donc un projet Aquarius porteur d’enjeux et qui s’inscrit dans une dynamique plus large, il me semble. François Le Yondre, je me tourne vers vous. Vous êtes directeur du laboratoire VIPS. On parle ici de sport et de tout ce qui, socialement tourne autour du sport. En quoi ce genre de projet est intéressant pour les étudiants, c’est-à-dire d’aller se frotter aux enjeux de la société ? Alors c’est l’objet du master disc. C’est-à-dire que c’est un master qui est adossé au laboratoire VIPS dans lequel on développe des travaux sur le sport en sciences humaines et sociales, en psychologie, en sociologie, en histoire. Parmi ces travaux, on développe des recherches sur les usages du sport à vocation sociale éducative et à destination de publics en situation de vulnérabilité. Et cet objet, c’est aussi l’objet central du master. Donc on y forme des étudiants qui deviennent spécialistes de ce qu’on appelle le socio-sport ou le développement par le sport et qui sont destinés à développer, à concevoir, à coordonner des programmes autour de ces usages du sport. L’intérêt, c’est évidemment d’associer à la formation théorique une formation pratique, c’est-à-dire que quand ils développent des projets, ils sont confrontés aux enjeux de gestion de projet, de logistique, de financement, de recherche de partenaires, etc. Ils sont aussi confrontés à la nécessité d’articuler leur travail avec celui des travailleurs sociaux comme les éducateurs comme Alexandre, À Collia. Et puis ils sont confrontés à des compétences plus précises encore qu’ont été évoquées par Mathilde, notamment l’idée qu’un usage cohérent du sport auprès de publics en difficultés suppose d’articuler, d’abord de bien comprendre ces difficultés, qui sont très variables selon les individus, y compris dans des catégories telles que ceux des mineurs non accompagnés. Ils n’ont pas tous les mêmes parcours, ils ne sont pas confrontés aux mêmes obstacles. Donc ça nécessite à la fois de bien les comprendre. Et en face de ces obstacles et de ces parcours biographiques singuliers, de proposer des conditions de pratique qui sont adaptées pour qu’il y ait un progrès. Alors ça peut être sur le rapport à l’eau, mais ça peut être sur bien d’autres choses. Donc là, Aquarius est un exemple d’articulation, c’est-à-dire qu’on identifie un problème très précis qui est celui du traumatisme dans le rapport à l’eau qui vient notamment de la traversée de la Méditerranée, et on met en face des conditions de pratique, alors autour de la natation, puis des activités nautiques, mais qui sont pensées là aussi très précisément. qu’il y a trois phases, d’abord un apprentissage de la nage, des notions de sécurité, etc. Et puis ensuite une deuxième phase autour des activités nautiques, une dimension plus ludique, et puis un séjour à Marseille qui, au-delà du rapport à l’eau, vous l’avez dit tout à l’heure, est très symbolique, parce que certes ils peuvent progresser, plus ou moins selon les cas, dans la gestion de cette difficulté qu’ils ont dans le rapport à l’eau, mais ça implique aussi par exemple un rapport au territoire. C’est-à-dire qu’ils arrivent sur le territoire dans une situation contrainte, difficile, et on leur propose d’avoir un rapport au territoire qui est celui du séjour, des vacances, de l’émancipation sensible, du plaisir. Donc il y a aussi pour les étudiants l’apprentissage de la dimension politique de cet usage du sport, et ça c’est important parce que -on le voit dans nos travaux de recherche- le sport est souvent dépolitisé, alors même qu’on parle de migration qui est un sujet éminemment politique. Et c’est un peu la même chose quand on parle de sport pour les délinquants, finalement la délinquance c’est un sujet politique, mais ça semble évident d’utiliser le sport pour éduquer les délinquants, et on pourrait multiplier comme ça les exemples. Et donc là ils se confrontent à cette dimension politique parce qu’ils se rendent bien compte que quand on utilise la natation ou les activités nautiques ou un séjour à Marseille pour des migrants ou des mineurs non accompagnés qui habituellement sont plutôt dans un rapport vertical de contraintes voire de contrôles avec le territoire, les institutions, ça place leur action, leur usage du sport en rupture avec cette approche des publics en situation de migration. Et donc dans la réflexion des étudiants, il y a à la fois une dimension très technique, c’est-à-dire comment on articule des difficultés avec des usages du sport, mais aussi une réflexion très fondamentale, politique au sens noble du terme, à quel traitement de la migration… Comment on peut changer leur rapport à la société ? Ça m’amène d’ailleurs -vous parlez de différents publics, dans ce master- vous travaillez auprès d’autres publics dans d’autres actions ? Tout à fait, les pratiques qu’on décrit, constituent aujourd’hui un secteur qu’on appelle le socio-sport, dans lequel on trouve des fédérations sportives, des associations qui sont très impliquées et qui travaillent auprès de publics, souvent appréhendés sous l’angle des catégories classiques de l’institution, ça peut être les mineurs non accompagnés, des chômeurs de longue durée, ça peut être sur des problématiques de violences sexistes et sexuelles, ça peut être auprès des jeunes placés sous main de justice, donc ce sont à la fois des publics et des usages du sport sur lesquels on travaille dans le cadre de nos recherches, mais ce sont aussi des pratiques auxquelles on forme les étudiants, donc il y a plusieurs projets, Aquarius est l’un des projets du Master Disc, mais donc les étudiants ont la possibilité de se positionner sur différents projets et donc sur différents publics et de penser très précisément l’articulation de leurs usages du sport auprès de ces publics. Ils développent aussi des compétences d’évaluation des effets du sport, des compétences de développement de projets, de coordination de projets, voilà à quoi servent ces projets au sein du Master. C’est hyper intéressant de voir voilà qu’est-ce qui tourne autour du sport et on a pu le creuser un peu plus avec vous, je vous remercie. En tous les cas, c’était Aquarius, un projet qui parle donc de sport mais aussi de fraternité et de vivre ensemble, j’en suis un peu émue mais c’est des valeurs qu’on entend défendre à l’université, c’est aussi ça « L’R du temps » !
Partie 5 – Les jeux, quel impact social ?
Vous l’avez sûrement remarqué, lorsque l’on parle des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les notions d’héritage et d’impact reviennent assez régulièrement. Pourtant, elles sont loin d’être nouvelles et pour comprendre ce qu’elles signifient réellement, nous avons avec nous un expert de la question, Hugo Bourbillères. Rebonjour Hugo. Bonjour. Alors je le rappelle Hugo Bourbière, vous êtes sociologue du sport à l’université Rennes 2 au sein d’un laboratoire assez spécial, le laboratoire VIPS qui travaille notamment dans le domaine de la recherche sur les enjeux sociaux et éducatifs autour du sport. Avant de commencer Hugo, une question qui me taraude, on parle souvent de l’organisation des Jeux, de leur planification, mais on oublie assez régulièrement qu’il y a de moins en moins de villes qui candidatent à l’organisation des Jeux. Tout à fait, on oublie souvent de rappeler que Paris 2024 finalement a obtenu les Jeux Olympiques face à plus grand monde, il y a beaucoup de villes candidates qui se sont retirées par manque de soutien de l’opinion publique, je pense à Budapest, Hambourg, Rome, Boston notamment, et il est vrai qu’il est de plus en plus régulier que ces grands événements sportifs qui génèrent avec eux un certain nombre d’impacts environnementaux, d’impacts aussi en termes d’infrastructures, d’aménagements, et bien s’accompagnent de contestations locales assez importantes et qui peuvent avoir un impact concret sur le devenir de la candidature et de l’événement. De fait, le CIO a vraiment internalisé cette critique-là, depuis maintenant quelques années et développe un discours autour de l’héritage qui est à la fois un élément de langage et aussi un élément d’action publique assez important dans le cadre de ces événements, qui prévoit donc d’avoir un programme en fait de développement d’un certain nombre d’impacts ou d’effets et de faire des Jeux Olympiques un projet de société. Mais forcément, en promettant un certain nombre de choses, on est aussi malheureusement en situation parfois de générer de la déception. Et justement, quelles sont les réactions que l’on constate dans la société à travers ces travaux de recherche, lorsqu’est envisagé le projet d’organiser des Jeux Olympiques ? Les effets sont très variés en réalité et les travaux, les nôtres mais aussi ceux de la littérature scientifique de manière plus générale, illustrent surtout une forme de complexité, de nuance. C’est-à-dire qu’il n’y a pas vraiment d’effet mécanique. On ne peut pas trop dire qu’un événement sportif, on le pose sur un territoire et mécaniquement il engendrerait tel ou tel effet. En réalité, les choses sont beaucoup plus contextuelles, beaucoup plus locales et la manière d’appréhender ces effets s’observe surtout dans le respect de ces facteurs de contingence et de complexité. Pour donner un exemple, l’événement sportif peut par exemple être source de fierté, de bonheur. On a tous en tête un élément de sens commun qui est l’effet black-blanc-beur en 98, qui d’ailleurs n’a pas trouvé vraiment de résonance théorique. Il n’y a pas vraiment de concept derrière qui a émergé, preuve du caractère très éphémère finalement de ces effets. Et en réalité, il y a aussi des effets assez contre-intuitifs, il y a aussi des effets négatifs malheureusement. Par exemple, on observe que les événements sont aussi source de nuisance, de vandalisme, de développement de la prostitution, de gentrification. Donc il convient d’appréhender ces événements dans le respect de cette complexité. Donc si on comprend bien, on ambitionne souvent beaucoup de choses à travers l’organisation des Jeux Olympiques ou Paralympiques, même parfois des transformations sociales assez profondes il me semble, mais ces effets, en tout cas les effets positifs entre guillemets, sont loin d’être automatiques. Néanmoins, à quoi est-ce qu’ils peuvent être liés ? En réalité, ce qu’on a observé notamment dans une étude sur l’Euro 2016 avec des collègues de l’université Paris-Saclay, Paris-Sud, Paris-Saclay, et que l’on retrouve dans la littérature, c’est qu’un événement sportif n’a pas d’impact intrinsèque. Comme je le disais, il ne suffit pas de le poser pour que mécaniquement il se passe des choses. C’est les acteurs locaux, notamment les acteurs publics, les acteurs associatifs également, qui travaillent au quotidien un certain nombre de questions sociales, environnementales, qui vont en réalité pouvoir se servir de l’événement comme d’une opportunité pour pouvoir générer des effets. Et ça, on l’a vraiment repéré sur l’Euro 2016 où plus de 50% des points d’impact sociaux observés sur la région Ville de France, donc des projets événementiels qui ont émergé à la période de l’Euro 2016, donc durant le mois de juin 2016, en réalité étaient vraiment impulsés par les acteurs publics au sens large du terme, c’est-à-dire les collectivités locales, les villes notamment, mais aussi le département, les régions, et en appui vraiment sur le mouvement associatif local qui travaille un certain nombre de questions comme je le disais. Alors j’ai fait, j’ai fait mes petites recherches avant cette émission et j’ai pu voir que dans les recherches, dans les travaux scientifiques sur la thématique des impacts et des effets sociaux autour des événements, le cas de Londres 2012 revient assez régulièrement. Est-ce qu’il y a des exemples qui illustrent un petit peu cette complexité ? Londres 2012, c’est un exemple très récent évidemment qui résonne avec Paris 2024, notamment en termes de contexte où il y a des similarités qui sont relativement présentes. C’était surtout une Olympiade qui a mis le terme d’héritage, legacy en anglais, un petit peu au centre de sa rhétorique, de son propos, particulièrement autour du développement de la pratique sportive pour toutes et tous. Et là, pour illustrer aussi ce que je disais un petit peu auparavant, les chiffres, par exemple, illustrent des choses tout à fait différentes. On observe par exemple sur le développement de la pratique sportive que le taux d’inactivité dans les quartiers qui sont vraiment les quartiers les plus proches des sites olympiques est passé de 29 à 27 %, donc un petit impact sur une période de 10 ans après les Jeux de Londres. En revanche, ce que l’on observe aussi, c’est que sur ce même taux d’inactivité, il y a des écarts assez importants selon les groupes sociaux. Donc finalement, l’événement sportif n’est pas forcément à même de changer fondamentalement une dynamique sociale, au contraire d’un travail au long cours, évidemment, et de la capacité par exemple de bouger plus, de se déplacer à travers des mobilités douces. Bref, un événement sportif de 15 jours ne peut pas transformer un axe entier de politique publique, malheureusement, serait-on tenté de dire. A tout le moins, ça peut être une période, une fenêtre d’opportunité, une période un peu catalysatrice pour pouvoir, en tout cas, traiter peut-être de manière un peu plus récurrente et avec une intensité supplémentaire, une question. Justement, on parle donc de politique publique. Si je rétrécis un petit peu l’échelle, ici au sein de l’Université, est-ce qu’il y a des leviers qui sont mobilisés justement pour essayer d’accrocher ou d’impulser un petit peu cette dynamique ? Alors l’Université Rennes 2, en effet, a été labellisée Génération 2024, dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, ce qui fait entrer beaucoup d’événements sportifs dans le cadre de cette communication olympique. En réalité, cette forme de labellisation ne s’accompagne pas réellement de développement de moyens et il y a déjà évidemment beaucoup de choses qui sont faites à l’Université sur la pratique du sport, soit par le service interuniversitaire des APS qui propose au quotidien des activités physiques et sportives pour les étudiants et les personnels, et que ce soit à travers la formation STAPS, bien sûr, et des laboratoires de recherche. Donc finalement, l’action sportive, elle est déjà traitée au long cours et les Jeux Olympiques, c’est un petit peu ce que j’illustrais, ils peuvent permettre de parler un petit peu plus de la question. l’émission que l’on fait aujourd’hui en est un parfait exemple. C’est l’occasion d’échanger sur ce volet sportif qui est profondément et par essence transversal, qui touche des objectifs de santé, des objectifs éducatifs, des objectifs d’accessibilité, d’inclusion également, et qui va permettre d’avoir un focus à un moment donné sur un travail au long cours. Evidemment, on espère que les Jeux Olympiques puissent s’accompagner d’un renforcement de la pratique sportive. Là, on se confronte après, un petit peu à la réalité. Notamment pour donner un petit exemple au niveau de Rennes 2, malheureusement, les créneaux sportifs sont saturés, les créneaux qui sont offerts par le SIUAPS à notre communauté étudiantee On a à peu près deux fois plus d’offres que de places, malheureusement, et donc, en effet, on peut formuler l’espoir qu’une action continue sur le sport, à travers une action politique dans lequel les Jeux Olympiques pourraient être partie prenante, puisse générer un nouvel espoir et des moyens, surtout sur le moyen et le long terme, pour renforcer cette pratique sportive pour toutes et tous.
Merci, Hugo Bourbillères, pour nous avoir éclairé sur ce sujet assez passionnant et sur la réalité surtout qui entoure ces notions. Merci, Mathys, et merci à toutes les équipes pour l’initiative de l’émission. Vous l’avez compris, parler d’héritage et d’impact n’est pas si simple que cela. l’organisation d’un grand événement sportif international rime avec de grands espoirs de retombées sociales sur l’ensemble du pays. Par contre, comme on vient de le voir, à travers les différents travaux de recherche, les effets positifs qui sont espérés à travers l’événement ne sont pas automatiques et dépendent de conditions, de mécanismes, comme par exemple un soutien des acteurs publics, accru et à long terme des différentes initiatives qui peuvent voir le jour.
Merci à tous nos invités d’avoir répondu présent à cette première édition de l’R du Temps consacrée aux sports et aux Jeux Olympiques et Paralympiques. Merci également aux équipes qui ont contribué à cette nouvelle émission de l’R du Temps. En attendant de se retrouver pour un prochain numéro, nous vous souhaitons de bien vous porter et de pratiquer le sport comme vous l’aimez.
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Générique
L’R du temps, une émission présentée par Marianne Rei, journaliste Université Rennes 2 et Mathys VIERSAC, doctorant VIPS ²
Merci à nos invités (par ordre d’apparition)
Hugo BOURBILLÈRES, Sociologue du sport et chargé de mission « Sport et JO » – Université Rennes 2
Nour AIT KADDOUR, Étudiant Master Digisport, sportif de haut niveau – Université Rennes 2
Pierre TOUZARD, Ingénieur de recherche en analyse du mouvement M2S – Université Rennes 2
Yannis RAINETEAU, Doctorant M2S – Université Rennes 2 et FFN
Annabelle LIMBALLE, Post-doctorante M2S – Université Rennes 2
Hugo RABESONA et Camille LE MOAL, Étudiants – Université Rennes 2
Alexandre TUAL, Éducateur Collia
Mathilde PORCHER, Enseignante d’EPS
François LE YONDRE, Sociologue du sport et directeur du Laboratoire VIPS ² – Université Rennes 2
Une production CRÉA – Université Rennes 2
Réalisation / montage
Sylvain QUIVIGER
Graphisme / animations
Yann GARANDEL
Image
Henri HUCHON
Leonardo HOYOS
Anouk SCHOBER Étudiante du master cinéma Écritures du réel à l’Université Rennes 2
Lumière
Valentin DABO
Prise de son et mixage
Dane RAPAÏE
Hypolite TANGUY
Etalonnage
Henri HUCHON
Production
Marianne REI, Production éditorial
Clément DUFLOUX, Chargé de production
Pierre ROTURIER, Stagiaire
Amélie ROULEAU, Directrice de Production
Francis BLANCHEMANCHE, Directeur artistique
Christian ALLIO et Christine ZIMMERMANN, Direction CREA
Images additionnelles
Images de drône, Aurélien GUÉMENÉ
Reportages, Henri HUCHON et Leonardo HOYOS
Photographies “Olymp’in Fac”, Sébastien BOYER
Images Kayak, Nour AÏT KADDOUR
Images piscine M2S, Yannis RAINETEAU
Images Tennis, Pierre TOUZARD
Images de plateau, Aymeric Fontaine, étudiant DIGISPORT
Manifestation du 1er mai 2023 à Paris ©Jules
Embouteillages Boulevard de Magenta à Paris le 17 juillet 2015 ©Lionel Allorge
Horse Parade Grounds, The Mall, London 2012 Olympics 02 et 03 ©Ank kumar
Supporters français©AdrienChd
London 2012 Summer Olympics – panoramio (3)©fotogoocom
Supporters-IMG 0662©Rama
Hôtel de ville de Paris 2024©MFonzatti
Remerciements
Denis Linquette et Florian Villain, Stade Robert Poirier – Conseil départemental 35
Les laboratoires VIPS ² et le laboratoire M2S pour leur collaboration
à l’Université Rennes 2 :
Hugo BOURBILLÈRES pour son soutien dans le suivi de l’émission
Le service communication, Reine Paris, Anaïs Giroux, Claire Vallée et Maud Labrousse
Lola Voisin, Étudiante Master DISC, Aquarius
Xhensila Lachambre, Responsable Europe DRV
Benoit et Nicolas Bideau, Richard Kulpa, M2S, Gaëlle Menguy, Florence Bidan, UFR Staps,
Laëtitia Berger, Direction des partenariats et des projets stratégiques
Sophie Briand, Sébastien Noury, pour le mobilier, DRIM
Musique :
Titre: Lovely Swindler
Auteur: Amarià
Licence: Creative Commons BY
Titre : Move
Auteur : LIGHTNING TRAVELER
Licence: Creative Commons BY NC
Crédits images
Manifestation du 1er mai 2023 à Paris ©Jules
Embouteillages Boulevard de Magenta à Paris le 17 juillet 2015 ©Lionel Allorge
Horse Parade Grounds, The Mall, London 2012 Olympics 02 et 03 ©Ank kumar
Supporters français©AdrienChd
London 2012 Summer Olympics – panoramio (3)©fotogoocom
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Hôtel de ville de Paris 2024©MFonzatti
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