Depuis ses premières œuvres, au début des années 1990, Gwen Rouvillois interroge le regard et la notion de bonheur.
Celui-là n’est pas envisagé comme un principe philosophique mais, au contraire, dans ses déclinaisons quotidiennes. Cette analyse personnelle lui autorise également de questionner la vie sociale et collective. Adepte des représentations en deux dimensions, usant parfois d’objets, l’artiste pratique la peinture et la photographie opérant des allers-retours de l’une à l’autre. Ses représentations se concentrent sur les paysages, naturels ou urbains, exempts de présence humaine mais non de dimension sociale. Paysage en érection, Saint-Denis est une vue fantasmée de la ville francilienne.
Le procédé de sa composition est économe. Avant tirage, l’artiste a rehaussé son cliché de dessins aux traits numériques. Ces ajouts dessinent des barres d’immeubles et des tours virtuelles, à la manière d’élévations architecturales sommaires.
S’élançant sur toute la hauteur de champ laissée libre par un ciel diaphane, les silhouettes de constructions imaginaires bousculent la composition originale de la photographie. De cette tension entre horizontalité et verticalité, la pression ascendante semble irrésistible. Vœu de l’artiste pour un aménagement du territoire, qui, par la hauteur, préserverait les espaces encore dénués de construction, ou, critique d’une urbanisation sans âme ayant exagéré la lecture des utopies modernistes : il est difficile de conclure. Seule certitude : l’artiste interroge la valeur du paysage et les possibilités de s’y projeter.