Tout juste recruté au CNRS en tant que chargé de recherche, Romain Vullo intègre l’équipe « Biodiversité : interactions, préservation, évolution » du laboratoire Géosciences Rennes. Ses activités de recherche se focalisent principalement sur les faunes de vertébrés du Crétacé ouest-européen, à travers l’exploitation et l’étude de gisements récemment découverts en France et en Espagne.
Ses travaux menés durant son doctorat (effectué à Géosciences Rennes de 2002 à 2005) ont porté sur l’analyse des assemblages de microrestes de vertébrés du Crétacé supérieur nord-aquitain. L’exploitation de nouveaux gisements a mis en évidence la présence de très nombreuses formes jusque là inconnues en Europe pour cette période (dinosaures, mammifères marsupiaux, etc…). Le registre fossile des vertébrés continentaux du Cénomanien ainsi mis à jour, des reconstitutions paléoenvironnementales et paléobiogéographiques ont alors pu être proposées, démontrant les affinités à la fois laurasiatiques et gondwaniennes du cortège faunique. De plus, une expérience actuo-taphonomique a été mise en place au Bahamas pour tenter de cerner les conditions de formation des niveaux riches en (micro)restes de vertébrés. Par la suite, ses recherches et travaux post-doctoraux (ATER à Géosciences Rennes et post-doctorat à l’Université Autonome de Madrid) se sont élargis à l’Europe de l’Ouest et au Crétacé inférieur, notamment à travers de l’étude de certains groupes de vertébrés du gisement à préservation exceptionnelle de Las Hoyas (Espagne).
Le Crétacé représente une période caractérisée par de grands changements globaux, dont découlent d’importants événements marquant la biosphère (« Cretaceous Terrestrial Revolution »). Les grandes lignes du programme de recherche consistent à étudier les interactions géosphère-biosphère au sein d’un intervalle de temps relativement peu documenté en Europe : le Crétacé inférieur à « moyen ». Grâce à l’étude et l’analyse complète (biodiversité, phylogénie, paléoécologie, paléobiogéographie, taphonomie) de riches faunes de vertébrés continentaux à margino-littoraux provenant de nouveaux sites ouest-européens (gisements à concentration/conservation exceptionnelles), les reconstitutions paléoenvironnementales et paléogéographiques de l’archipel européen du Crétacé se trouveront fortement renforcées. En effet, la mise en évidence d’échanges fauniques pourra révéler l’existence de routes de dispersion entre l’Europe et les différentes masses continentales (« ponts » trans-téthysiens ou trans-atlantiques). Par ailleurs, ces fossiles de vertébrés pourront servir de support à des analyses géochimiques (d18Op) visant à retracer d’éventuelles variations climatiques.